Santé et sécurité du travail - Représentant.e.s à la santé et sécurité
CEZinc à Salaberry-de-Valleyfield
Des représentants à la santé et sécurité branchés sur le terrain
Les deux représentants à la santé et sécurité (RSS) de CEZinc à Salaberry-de-Valleyfield (SL 6486) commencent presque toujours leurs journées par une tournée des sections. Sylvain Laramée, représentant à la prévention depuis 10 ans et impliqué en santé et sécurité depuis une vingtaine d’années, se rend au grillage et à l’hydrométallurgie, tandis que Maxim Bouffard, représentant à la prévention depuis 1 an et délégué SST depuis 2 ans, s’occupe de l’électrolyse et du moulage des lingots de zinc.
Presque chaque jour, un accident survient. « Ici, on demande de tout déclarer, même les “passé proche”. On enquête sur les risques potentiels, même s’il n’y a pas eu de blessé.e », précise Sylvain Laramée. Chaque accident ou incident est classé selon un niveau de gravité, et les deux représentants à la prévention s’intéressent surtout à ceux qui entraînent ou auraient pu entraîner des blessures.
Depuis quelques mois, les deux acolytes reçoivent un coup de fil dès qu’un accident survient, peu importe si c’est la nuit, le soir ou la fin de semaine. « On n’était pas toujours satisfaits des enquêtes faites en notre absence, et c’était compliqué d’y revenir par la suite. On a demandé à être contactés systématiquement quand il y a un accident. Comme ça, on sait que l’enquête est faite correctement et que les bonnes mesures correctives sont apportées. Dans le fond, le but d’une enquête, c’est que l’accident ne se reproduise pas », explique Maxim Bouffard, qui s’occupe aussi depuis peu du soutien à l’indemnisation, pour aider les travailleur.euse.s blessé.e.s ou malades à faire leurs déclarations à la CNESST.
Les risques sont nombreux dans cette usine où le procédé de transformation du zinc implique des vapeurs d’acide, le dégagement de plusieurs résidus toxiques, le recours à des solutions liquides brûlantes, l’utilisation de plomb, la présence d’agents cancérigènes comme le cadmium et de forts courants électriques. Dans une des salles de contrôle, un opérateur explique qu’en cas de problème, il a la possibilité de lancer l’évacuation non seulement de l’usine, mais de la ville au complet.
Il y en a du chemin qui a été fait en santé et sécurité depuis l’ouverture de l’usine, il y a 60 ans. On raconte qu’il y a quelques décennies, les travailleurs plus âgés qui partaient à la retraite n’avaient pratiquement plus de dents, tellement elles avaient été rongées par les vapeurs d’acide.
Le travail syndical en prévention ainsi que celui pour la reconnaissance des maladies professionnelles ont grandement aidé à faire changer les choses. « Il y a eu une grosse plombémie à l’usine, avec plusieurs plaintes à la CNESST. On s’est battu pour faire avancer les choses. Et ça a marché : pendant la grève [en 2018], des vestiaires doubles et des salles à manger propres étaient installés », se rappelle Sylvain Laramée. Après la reconnaissance du cancer d’un collègue lié à l’amiante, l’équipe syndicale en prévention a réussi à faire installer des vestiaires doubles, et a aussi contribué à faire cesser la pratique du nettoyage par « soufflage », qui projetait des contaminants dans l’air. Le port de différents types de masques et de respirateurs d’épuration d’air propulsé (Racal) s’est aussi étendu à davantage de secteurs dans l’usine.
L’heure est à l’optimisme aujourd’hui chez les deux représentants à la prévention : l’achat de l’usine par la multinationale Glencore a amené un changement de paradigme en santé et sécurité. Sous l’ancien propriétaire, « on réparait des choses avec des tie wraps, du tape et des pinces Vise-Grip », comme l’illustre un délégué SST rencontré lors de la visite de l’usine. Le nouveau propriétaire délie plus facilement les cordons de la bourse.
« C’est le nouveau directeur d’usine lui-même qui dit aux “gars à l’heure” de baisser leur seuil de tolérance et de tout déclarer ce qui cloche. On travaille vraiment dans le même sens », explique Maxim Bouffard.
* Cet article est tiré du dernier numéro du magazine ***