Les Métallos devant le Tribunal du commerce extérieur

Publié : 08/10/2024

C’est avec une certaine fierté que le président de la SL 9486, Stéphane Ducharme, annonçait lors de la dernière rencontre régionale que les transformateurs électriques produits par ses membres chez Hitachi à Varennes (anciennement ABB) seraient protégés contre le dumping en provenance de la Corée.

Il y a de quoi être fier! Le témoignage syndical, lors d’une audience à laquelle assistaient une vingtaine d’avocat.e.s, a de toute évidence contribué à faire pencher la balance des trois membres du Tribunal canadien du commerce extérieur en faveur du renouvellement de l’ordonnance anti-
dumping pour les moyens et gros transformateurs nécessaires au transport de l’électricité sur de grandes distances, accordée initialement en 2012.

« En 2011, Hyundai s’était mis à soumissionner sur les offres en coupant les prix de 30 et 40 %, nettement en bas des coûts réels de production. Pour couper le cou à tout le monde. Ça a fait tellement mal qu’on a perdu des contrats. Il y a eu une restructuration, 65 personnes ont été mises à pied », explique Stéphane Ducharme, précisant qu’il faut souvent jusqu’à 5 ans de formation pour certains postes.

En 2012, à la suite d’une plainte de l’entreprise, le Tribunal canadien du commerce extérieur avait reconnu qu’il s’agissait là de dumping et avait rendu une ordonnance pour le contrer. Lors des audiences pour le deuxième renouvellement de l’ordonnance de 5 ans, le témoignage syndical a pesé lourd, comme on peut le constater à la lecture de la décision rendue en décembre dernier.  

« J’ai expliqué l’impact néfaste de 2012 sur les travailleur.euse.s et les emplois, et qu’on avait peur que ça recommence avec un retour du dumping. En bas d’un certain niveau, avec les coûts fixes, ça devient difficilement viable et on aurait peur de perdre l’usine », a témoigné Stéphane Ducharme. Il souligne le travail de l’équipe des Métallos et de ses avocat.e.s dans le dossier ainsi que leur soutien dans la préparation.

Un témoignage attendu

Résultat d’années de démarches des Métallos auprès du gouvernement du Canada, les syndicats peuvent maintenant déposer eux-mêmes des plaintes devant le Tribunal du commerce extérieur et, depuis 2022, celui-ci doit tenir compte du témoignage syndical lors de l’étude d’un dossier.

Le président de la SL 2423 chez Novatube, à Montréal, en était à sa deuxième expérience en août dernier, pour le renouvellement de l’ordonnance sur les tubes soudés en carbone provenant du Pakistan, des Philippines, de la Turquie et du Vietnam. « Le Syndicat est encore plus partie prenante du processus. Notre témoignage est attendu », raconte Alain Duhamel, qui attend avec espoir la décision à l’aube de la prochaine négociation collective.

Une autre victoire pour le fil machine à Contrecoeur-Est

Le Tribunal canadien du commerce extérieur a conclu au dumping de fil machine en acier en provenance de la Chine, de l’Égypte et du Vietnam. Il imposera des droits antidumping au cours des 5 prochaines années. Dans sa décision, le Tribunal canadien du commerce extérieur établir le niveau des droits antidumping imposés à 46,2 % pour la Chine, 21,3 % pour l’Égypte et 17,7 % pour le Vietnam. « C’est certain que ça apporte un certain soulagement pour l’avenir. Ça consolide un peu notre marché. L’employeur devrait pouvoir produire à un régime normal et on a confiance de préserver nos emplois 52 semaines par année, ce qui serait menacé par le dumping. Ça aide aussi à négocier de bonnes conditions de travail », fait valoir le président de la section locale 6586 des Métallos à Contrecœur, Jason Braconnier.

Ce dernier a témoigné devant le Tribunal afin de faire valoir les inquiétudes en lien avec le dumping. Le Syndicat des Métallos a fait valoir que « la présence des marchandises en cause avait non seulement un impact sur ses négociations lors des prochaines négociations collectives, mais aussi sur l’embauche et la rétention actuelles. [Le Syndicat a aussi] souligné qu’il existe un réel risque de licenciements en conséquence directe des marchandises en cause. »

Cette décision devrait protéger contre le dumping en provenance de ces trois pays. Il reste toutefois une inquiétude quant au dumping en provenance d’autres pays ainsi qu’au sujet de ce qui arrivera au-delà des 5 ans. « Nous demandons une politique plus large de la part du gouvernement pour favoriser l’acier d’ici, entre autres dans l’approvisionnement en acier pour les infrastructures financées par des fonds publics, ainsi qu’une protection contre le dumping environnemental en provenance de pays aux normes moins sévères sur les émissions de gaz à effet de serre », poursuit Jason Braconnier. Il précise que des militants de son syndicat sont d’ailleurs allés à Ottawa en juin pour sensibiliser les élus.

Le Syndicat sera aussi impliqué dans plusieurs autres causes à venir, notamment en lien avec l’extrusion d’aluminium (Metra et Hydro Extrusion), les vis en acier au carbone (Infasco) et les corps de broyage (Magotteaux).

 

Cet article est tiré du dernier numéro du Traits d'union qu'on peut consulter ici.

Document(s) associé(s) :