Méfions-nous d’un « sauveur » antisyndical
Méfiez-vous de Pierre Poilievre. Voilà le message que lance la présidente de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, Magali Picard, aux militant.e.s Métallos.
« Faites vos recherches, demandez-vous ce qu’il a vraiment fait pour les
travailleur.euse.s. Vous allez chercher longtemps », lance Magali Picard aux délégué.e.s réuni.e.s en assemblée annuelle, en rappelant que le chef conservateur n’avait jamais occupé d’autre emploi que celui de politicien.
Le gars se présente avec un chapeau de cowboy quand il enregistre des vidéos pour les chasseur.euse.s, il prend des airs de professionnel quand il parle aux professionnel.le.s, il parle de religion quand il s’adresse à des groupes religieux, illustre-t-elle. « C’est un bon communicateur et il a des moyens parce qu’il travaille pour les super riches. C’est très dangereux. »
Elle cite en exemple le programme conservateur qui mettrait la hache dans les allocations familiales, alors que le coût de la vie explose.
Pierre Poilievre se présente comme un « sauveur » devant notre monde, mais c’est le même gars qui se faisait le champion des mesures antisyndicales au cours des dernières années et qui a fait adopter une résolution au Parti conservateur pour l’abolition de la formule Rand en 2015, rappelle la présidente de la FTQ.
Attention au modèle américain
La présidente de la FTQ a cité en exemple ce qui est arrivé au Michigan après l’adoption en 2010 d’une loi rendant optionnel le paiement des cotisations syndicales. « En six mois, le nombre de personnes qui payaient des cotisations a chuté ; les syndicats n’ont pas résisté et sont morts les uns après les autres. »
Les salaires ont dégringolé à leur tour. Le choc des conditions de travail a été si brutal que la principale ville de l’État, Detroit, qui figurait parmi les 4 villes les plus riches des États-Unis avant 2010, a fait faillite en 2013. D’un salaire moyen de 32,50 $ l’heure en 2010, on est tombé par après à un salaire minimum de 7,15 $ l’heure à Detroit et de 10,33 $ dans l’État du Michigan. « Les seul.e.s qui sont gagnant.e.s avec des lois de même, c’est le 1 % le plus riche. Ils ont du cheap labour à Detroit », tonne la syndicaliste.
« Un syndicat, ça fait en sorte qu’il y ait un rapport de force d’égal à égal. Ça créé la classe moyenne. La journée où tu enlèves ce rapport de force, le boss a droit de vie ou de mort sur toi, c’est les normes minimales du travail. Et ça fait baisser aussi les milieux non syndiqués », explique Magali Picard.
« Je ne suis pas ici pour vous dire pour qui voter. Mais il y a un parti contre les travailleur.euse.s et je ne ferais pas ma job comme syndicaliste si je ne le disais pas. Oui, il y a une écœurantite, parce que ça va mal. Mais donnez-vous la peine, dans votre rôle syndical, d’aller gratter davantage, de vous demander c’est quoi sa feuille de route à ce gars-là, comment il a aidé les travailleur.euse.s ? »
« Oui, on va parler beaucoup des prochaines élections fédérales, parce que ça peut être la fin de ce qu’on connaît comme classe moyenne », a prévenu la présidente de la FTQ, dans un discours précurseur des mois à venir.
Des valeurs antisyndicales
L’adjoint au directeur québécois des Métallos, Nicolas Lapierre, met lui aussi en garde les Métallos contre l’opération séduction des conservateurs auprès des travailleur.euse.s. « Je vous invite à vous méfier des belles paroles de ceux qui prétendent avoir à cœur les intérêts des travailleur.euse.s mais qui d’un autre côté s’attaquent aux organisations syndicales qui les défendent. [Les conservateurs] prônent des valeurs antisyndicales, contraires aux nôtres. »
« La logique des conservateurs, c’est de nous enfermer dans nos usines. Mais on sait que l’action syndicale se passe aussi à l’extérieur de nos usines, à Québec et à Ottawa, pour que les élu.e.s nous représentent et fassent changer des lois », a fait valoir Nicolas Lapierre.