Quand les travailleurs et travailleuses parlent… les politiciens écoutent

Publié : 31/08/2023

Qu’ont en commun l’adoption en avril dernier de la Loi sur la protection des retraites en cas de faillite d’entreprise au fédéral et celle d’une loi interdisant les clauses de disparité de traitement dans les régimes de retraite et les avantages sociaux, promulguée en 2018 à Québec ? Dans les deux cas, des travailleurs et des travailleuses sont allé.e.s sensibiliser les politicien.ne.s au préalable.

« Les élus sont beaucoup plus sensibles à ce que vont dire les gens de leur base et de leur circonscription, en comparaison à ce que vont leur dire les porte-parole », croit le directeur québécois des Métallos, Dominic Lemieux. Ces dernières années, celui-ci a fait en sorte de multiplier les initiatives de rencontres avec des élu.e.s : au sujet de la protection des régimes de retraite en cas de faillite d’entreprise, avant les dernières élections québécoises avec les député.e.s du Parti libéral au fédéral au sujet de la loi anti-briseurs de grève, ainsi que lors des journées de rencontres organisées par la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) et le Congrès du travail du Canada (CTC).

Cet hiver, Patrick Bélanger et Marc Robichaud, de la section locale 8264 chez Blueline, vivaient leur première expérience lors de la journée du CTC : « J’en entendais parler dans les assemblées annuelles, maintenant je sais ce que c’est. Ça aide à faire prendre conscience de l’importance des décisions politiques sur ce qui se passe dans notre milieu de travail », confie Marc Robichaud. Son confrère Patrick renchérit : « J’ai bien aimé l’expérience. Je suis nouveau là-dedans. On voit comment la machine marche. »

Se retrouver face à face avec un.e élu.e pour parler de sujets qui nous tient à cœur, c’est impressionnant. « Je suis opérateur de machinerie lourde. Je ne pensais jamais me retrouver dans un bureau de député pour parler d’un projet de loi [sur la retraite en cas de faillite d’entreprise]. C’est vraiment le fun comme expérience », mentionne Samy Émond, membre du comité Jeunes Métallos et militant de la section locale 5778 à la mine d’ArcelorMittal à Fermont. Et, ça fonctionne ! La loi en question sur la protection des retraites en cas de faillite d’entreprise a été adoptée en avril.

Lors de la journée de rencontres organisée par la FTQ en mars dernier, Krystelle Paquet, présidente d’unité chez Bois Ouvré de Beauceville (SL 9153), a échangé avec la députée caquiste de Charlevoix–Côte-de-Beaupré, Kariane Bourassa, au sujet de la santé et sécurité du travail. Une rencontre marquante où elle a témoigné du tragique accident de travail qui a fauché la vie de trois de ses confrères en 2021. « Je lui ai expliqué qu’on ne se sentait pas en sécurité, que c’était dangereux comme place. Ça a capté son attention. Comme journaliste à TVA, c’est elle qui avait couvert l’événement à l’époque. Elle m’a mise en relation avec le député de la région, et son attaché politique m’a contactée. Par la suite, à l’usine, l’accent était beaucoup mis sur la santé et la sécurité », explique Krystelle, qui a accepté le mandat de présidente d’unité en l’honneur de son mentor syndical, décédé dans l’accident.

 

Les métallos à la rencontre des libéraux fédéraux
Des militant.e.s membres du Syndicat des Métallos au Québec, dans des sections locales de compétence fédérale, ont sollicité des rencontres avec les 34 député.e.s québécois.e.s du gouvernement libéral à l’échelle fédérale au sujet de l’adoption d’une loi anti-briseurs de grève.

« C’est l’occasion pour les députés de mettre un visage sur l’importance de cet enjeu », a fait valoir le militant Brendan Taylor, de la section locale 1944 chez TELUS, qui a rencontré la députée d’Outremont, Rachel Bendayan. « On a fait valoir qu’avec une loi anti-scabs, les parties auraient plus d’intérêt à trouver un terrain d’entente », ajoute Brendan, sachant que ces parties seraient affectées de façon beaucoup plus égalitaire par une grève ou un lockout.
Au moment de mettre sous presse, les rencontres se poursuivaient dans le but d’inciter les libéraux à bel et bien adopter une loi anti-briseurs de grève d’ici la fin de l’année.

Les rencontres FTQ à Québec
La journée de rencontres avec les député.e.s, organisée par la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), s’est tenue le 15 mars dernier, à Québec, et a permis à une centaine de militant.e.s, dont plusieurs métallos, de rencontrer les élu.e.s de leur région afin d’échanger sur :

  • les enjeux de la mise en application de la Loi 27 en santé et sécurité du travail ;
  • de vraies solutions à la hausse du coût de la vie, comme la hausse du salaire minimum, l’instauration d’une assurance médicaments universelle, les hausses de salaire et le soutien aux personnes plus vulnérables ;
  • la lutte aux changements climatiques et la transition juste avec les travailleurs et travailleuses.

À Ottawa avec le Congrès du travail du Canada

Le 7 février dernier, plus de 400 militant.e.s provenant de 36 syndicats affiliés au Congrès du travail du Canada (CTC) ont convergé vers Ottawa pour rencontrer des député.e.s ainsi que des sénateurs et des sénatrices. Il s’agissait de la plus grande délégation depuis le début de l’initiative, en 2016. De ce nombre, on comptait une trentaine de métallos du Québec.
Quatre sujets de préoccupation ont été abordés lors de ces rencontres :

  • La nécessité d’une loi anti-briseurs de grève au fédéral
  • L’adoption au Sénat d'une loi sur la protection des retraites en cas de faillite d’entreprise
  • Le financement adéquat des services publics en santé, ainsi qu’une assurance médicaments universelle (avec le droit pour le Québec de créer un régime équivalent avec pleine compensation)
  • Une transition juste en environnement, qui inclut les travailleurs et travailleuses

Cet article est tiré du dernier numéro du magazine Le Métallo, disponible en ligne ici.

Le député de René-Lévesque sur la Côte-Nord (à droite) a rencontré Christian Chouinard, métallo à la section locale 9344 à la minière IOC (à gauche), ainsi que Jérémy Pelletier et Bernard Plante d’Unifor.