Une formation qui évolue

Entrevue avec Maude Raîche

Publié : 24/08/2023

Si la formation syndicale s’appuie toujours sur les principes élaborés par Michel Blondin il y a près de cinquante ans... elle n’est pas restée figée pour autant.

Le système d’éducation des Métallos se base toujours sur l’approche expérientielle qui consiste à partir du vécu des participant.e.s et à concevoir des activités qui font écho aux situations rencontrées dans les milieux de travail. Mais l’actuelle responsable du service de l’éducation, Maude Raîche, souhaite y ajouter une touche supplémentaire : l’émotion ! « L’émotion ressentie lors d’une activité de formation aide à ancrer l’apprentissage pour qu’on s’en souvienne mieux dans 5 ans par exemple », indique-t-elle.
Plusieurs nouveaux cours ont été développés au fil du temps, notamment sur la négociation, sur les relations de travail, sur certains aspects particuliers de la santé et sécurité comme le bruit, sur les avantages sociaux, sur la formation économique, etc.

« L’offre a été grandement élargie. Mais on constate que la participation se concentre quand même sur les cours de base, et ce, même si la participation est fortement subventionnée, notamment quand il est question de formations économiques du Fonds de solidarité et, étonnamment, même en santé et sécurité », constate-t-elle.
Sur sa table à dessin, elle souhaite élaborer davantage de cours au sujet des « groupes en recherche d’équité », comme les femmes, les personnes racisées ou les Autochtones.

La pandémie a aussi permis de développer une offre de cours en ligne. Si la formation régulière est revenue à la formule habituelle, les formules en ligne pourraient être utiles pour offrir des cours à l’ensemble des membres, et non seulement aux militant.e.s. « La formation en ligne, c’est une révélation à ne pas mettre au placard ! », lance Maude Raîche. On peut penser à plus de formations rapides de 45 min à 1 h sur l’heure du dîner ou en soirée, comme on l’a fait récemment pour la formation sur le droit de refus.

Pas question toutefois d’aller vers des tutoriels YouTube, des webinaires ou un enseignement magistral. On veut garder l’approche expérientielle qui permet de partir du vécu des participant.e.s et de réaliser des activités d’apprentissage proches de la réalité. « Ce qui fait que la formation fonctionne, c’est la richesse de l’expérience terrain des participants combinée à l’émotion qu’on ressent ; c’est une pratique qui nous donne droit à l’erreur, pour ensuite avoir confiance en notre expérience et passer à l’action en arrivant dans une situation réelle », illustre Maude Raîche.

Les cours en ligne permettraient aussi d’offrir des formations plus adaptées aux réalités régionales, alors qu’on ne réussit pas à réunir assez de participant.e.s pour qu’une formation standard de 12 à 20 personnes soit efficace. « On ne peut pas donner une formation à trois participants en partant de leur expérience, ils vont être brûlés. Peut-être qu’on peut réunir en ligne de plus grands groupes », se questionne la responsable du service, qui entend expérimenter l’offre de certaines formations en ligne dans un proche avenir.

Cet article est tiré du dernier numéro du magazine Le Métallo, disponible en ligne ici.

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